digression : ne devrait pas être sans doute, est à mes yeux le sel, sans doute parce que mon crâne ne sait fonctionner qu’ainsi quitte à me perdre en route, peut-être s’y laisser aller et revenir en n’en gardant que des traces, une ombre qui donne vie au propos
entrée proposée par Brigitte Célérier
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Il m’a fallu traduire Lovecraft pour comprendre en quoi l’âme même de notre littérature est digressive : ce qu’il y a de fascinant dans les récits de Lovecraft, qui construit préalablement un double synopsis (les événements source, et leur ordre dans le récit), c’est que chaque phrase est dépositaire d’une parcelle de la résolution finale. On peut tout faire résonner en chaque phrase, paysage, sensation, description, mais dans cette condition. Lire alors c’est jouer une partition : dans le déchiffrage d’une partition on voit des abîmes, mais sans jamais le temps de s’arrêter. J’ai développé une perception beaucoup plus aiguë de ces mécanismes, et ce que j’en ai tiré c’est, bien au contraire, une conscience accrue de comment ma propre écriture ne commence et ne se développe que dans la digression. Lovecraft m’a débarrassé du côté rhétorique de la digression.
entrée proposée par FB
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1ère mise en ligne et dernière modification le 9 avril 2021.
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digression
digression : ne devrait pas être sans doute, est à mes yeux le sel, sans doute parce que mon crâne ne sait fonctionner qu’ainsi quitte à me perdre en route, peut-être s’y laisser aller et revenir en n’en gardant que des traces, une ombre qui donne vie au propos
Il m’a fallu traduire Lovecraft pour comprendre en quoi l’âme même de notre littérature est digressive : ce qu’il y a de fascinant dans les récits de Lovecraft, qui construit préalablement un double synopsis (les événements source, et leur ordre dans le récit), c’est que chaque phrase est dépositaire d’une parcelle de la résolution finale. On peut tout faire résonner en chaque phrase, paysage, sensation, description, mais dans cette condition. Lire alors c’est jouer une partition : dans le déchiffrage d’une partition on voit des abîmes, mais sans jamais le temps de s’arrêter. J’ai développé une perception beaucoup plus aiguë de ces mécanismes, et ce que j’en ai tiré c’est, bien au contraire, une conscience accrue de comment ma propre écriture ne commence et ne se développe que dans la digression. Lovecraft m’a débarrassé du côté rhétorique de la digression.
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