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dictionnaire | pseudonyme

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pseudonyme


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Un pseudonyme qui ne soit pas d’emblée reconnu comme pseudonyme, c’est quasi impossible, et c’est la rançon. Ça arrive quelquefois, qu’on demande à quelqu’un : — Mais c’est un pseudonyme, hein ? —Ah non... À moins de les constituer comme cuirasse, fonction du nom séparée de toute possibilité qu’il soit patronymique : Saint-John Perse, Blaise Cendrars... Rares, rares les fois où on apprend qu’un nom d’auteur était un pseudonyme et on ne l’avait pas identifié comme tel : Jacques Serena. Dans la vie civile, existent au moins 7 personnes qui portent même nom prénom que moi, avec lesquelles je me suis trouvé à interagir. C’est devenu encore plus compliqué quand un jeune archéologue toulousain s’est mis à publier, et dans les mêmes maisons d’édition que moi, avec des tas de pataquès sur Amazon ou dans les services compta ou services de presse de nos éditeurs. Au début ça m’a énervé, et je suppose qu’il en a fait les frais encore plus. En quoi le fait de porter un patronyme aussi humble et répandu aurait dû le contraindre à publier sous pseudonyme, quand j’occupais le (tout petit) terrain avec deux décennies d’ancienneté ? Aujourd’hui ça me pousse plutôt au jeu : son travail de préhistorien est généreux et brillant, dans mon bureau mes livres sont planqués mais j’en ai mis un des siens en évidence. J’ai la tentation permanente de considérer mon nom comme un pseudonyme pour mes activités publiques d’auteur, et une vie privée qui serait sous un autre nom (François Bon comme pseudonyme de Jean Barbin, par exemple). Alors, depuis que François Bon (l’autre) a beaucoup plus d’activité publique que François Bon (le mien), ça me soulagerait presque.L’autre jour, j’ai commenté sous mon nom une vidéo YouTube où il était l’intervieweur en direct : — Oh, je lirai ce livre dès l’émission finie, j’ai mis.

entrée proposée par FB

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Autre volet essentiel de la question : discussions avec des auteurs ayant travaillé sous pseudonyme, et donc se sont constitués leur identité d’auteur, via ce pseudonyme sur leur blog ou dans leurs publications collectives. Je ne parle pas du phénomène, de plus en plus fréquent de ces étendards YouTube conçus comme marque, et récupérés par l’édition commerciale en utilisant le nom YouTube comme un nom d’auteur, sans s’embarrasser d’un nom prénom. Plutôt lorsque l’auteur blog passe à un autre registre d’écriture, qu’il voudrait sous son nom d’état-civil, mais se dépossédant alors de sa propre genèse en tant qu’auteur. Ce n’est pas du tout, dans notre ère numérique, une question secondaire ou restreinte.

entrée proposée par FB

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Un nom pour y habiter. Sans Saint John Perse il ne m’en serait pas venu l’idée à moi, La sans racines, La qui se rêve fondue dans la masse, La sans épaisseur, La vite chamboulée, La trop, La pas assez. Plutôt s’abriter derrière, derrière lui plus tout, et aussi sous un nom qui n’était pas le sien, sous son nom à lui. Et après son prénom si court, écrire le nom reçu par mariage, et plus jamais l’autre, nom devenu peu à peu un nom dont on se souvient comme un livre d’enfance avec leurs voix autour comme période douce révolue. Un nom laissé en chemin, parce qu’il faut grandir. Pour cette écriture intime qui déborde d’elle, à cause de cela, de ce premier prisme qui vibre, d’avoir été appelé ou de n’être pas resté opaque, l’écriture ne s’est pas tue, elle poussée dans le terreau du saccage, pour l’étaler au grand jour il faut et il ne faut pas, alors pour mettre cet intime sur la place publique, son nom d’avant devient recours, parce que personne à le connaître, servira de pseudo, puisque les écrivains y ont droit, comme un nom de scène pour celle-là tragédienne à les habiter en secret qui réclame de se donner en spectacle, à la place de toutes celles d’avant elle qui n’ont pas pu, elle se souvient de son nom de jeune fille ( à conserver son parfum d’enfance quel que soit l’âge où on le porte) quand nom de naissance serait plus juste. Il est le nom d’origine, le nom de celle dont parle le texte Ligne, de celle aussi qui a écrit ce texte à la ligne qui finit par lignée. Des années à apprendre comment l’incarner, être maintenant celle qui le revendique et qui écrit et c’est la même.

entrée proposée par Anne Dejardin

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Bégayer ou pas ? Faut choisir. Devenant journaliste en 1978 et la lettre P de mon patronyme posant problème, j’ai choisi le nom de ma mère comme pseudo pour ma carte de presse (42 204). La loi n° 85-1372 du 23 décembre 1985 permit que ce nom choisi trouve place dans une carte nationale d’identité. Cette loi a introduit dans le droit français une part de liberté dans la manière de s’appeler : « Toute personne majeure peut ajouter à son nom, à titre d’usage, le nom de celui de ses parents qui ne lui a pas transmis le sien ». C’est ainsi que durant plus d’une trentaine d’années je n’ai vécu, travaillé, voyagé que sous mon nom d’usage. Ce n’est que très tardivement que mon patronyme refit surface. Et pour les besoins d’une fiction : il fallait bien donner à son auteur un nom crédible, non choisi.

entrée proposée par Ugo Pandolfi

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Le recours au pseudonyme est semble-t-il loin d’avoir une origine ludique, poétique ou romanesque. S’inventer un autre nom c’est souvent se protéger de discriminations liées à l’origine, au genre, c’est aussi se séparer de sa filiation, protéger sa vie publique ou privée.

Pseudonymes protecteurs et/ou pseudonymes rêveurs ?

Saint-John Perse en remplaçant, équivalent, d’Alexis Léger, une sorte de synonyme en nom propre, ce nom inventé qui fait vibrer la phrase (ici titre d’une œuvre poétique). Lirait-on Amers, ou Vents de la même façon si sur la couverture Alexis Léger jouxtait le titre ? Est-ce que le nom inscrit sur la couverture du livre nous murmure quelque chose. Est-ce qu’il oriente la lecture ? Marguerite Donnadieu a-t-elle écrit Le ravissement de Lol V. Stein au même titre que Marguerite Duras ? Changer de nom pour réécrire sa vie ou pour écrire tout simplement ?

entrée proposée par Nathalie Holt

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La question du pseudonyme est sous-tendue par celle du vrai et du faux. J’aurais ainsi un nom « vrai », celui de l’état civil et un « faux », celui qui me désigne en tant qu’autrice, sous lequel je signe mes textes publiés en ligne ou imprimés. Le pseudonyme tiendrait de la dissimulation, du masque autorisant tout et surtout le pire, c’est pourquoi les tenants de l’ordre demandent son bannissement sur les réseaux sociaux, en pensant à d’éventuelles assignations en justice. Mais je considère mes deux noms aussi « vrais » l’un que l’autre, c’est-à-dire véridiques. Ils correspondent à deux identités sociales qui se chevauchent en demeurant séparées, deux rapports au monde en grande proximité mais décalés, deux intimités qui se nourrissent l’une l’autre, non sans distance. Il y aurait d’ailleurs à débattre sur l’authenticité supérieure que l’on confère à un nom d’état civil, surtout quand on est une femme dans un système patrilinéaire. Ce n’est pas par rejet de mon patronyme (nom de mon père) que j’ai voulu un pseudonyme mais parce que j’en avais besoin pour publier, pour m’instituer en tant qu’autrice. Souvent, l’on se choisit soi-même avec attention son pseudonyme. Le mien m’a été donné par un secrétaire de rédaction que je ne connais pas, et j’ignore comment il l’a imaginé. Il m’a plu, je l’ai gardé. En y réfléchissant, je crois l’aimer parce que les initiales JK font écho au personnage de Joseph K. Ce procès qu’on fait au pseudonyme.

entrée proposée par Juliette Keating

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Pseudonyme : improvisé, on l’aurait voulu plus original. Masque ou carapace ? En papier mastiqué. Parce que tu les assumes pas tes textes larvesques ? Parce que pas légitime ? Faire machine arrière ? Illusoire reset de soi. S’effacer.

entrée proposée par Jérôme Cé

 



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1ère mise en ligne 6 avril 2021 et dernière modification le 22 avril 2021.
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