contribution auteur | Marie Moscardini

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Son blog : nouvelles à écrire.

Ses contributions à l’atelier ville.

Propositions 1 _ 2 _ 3 _ 4 _ 5 _ 6 _ 7 _ 8 _ 9 _ 10

proposition n° 9

source de l’apocryphe
Avec ma grand-mère j’avais passé si souvent la frontière et c’était si facile, si simple d’aller faire une balade ou des emplettes de chocolat en Belgique ! D’autres jours, on se retrouvait de l’autre côté de la ligne sans s’en rendre compte, après avoir trop cherché de rares champignons, ou plus tard, entre cousins et cousines, en virée pour goûter d’autres bières que la Stella Artois du café de la poste. Quand on passait par la grande route, le conducteur de la voiture ralentissait pour passer sous la barrière rouge et blanche toujours levée. Parfois, il tournait la manivelle pour baisser la vitre et répondre poliment au douanier qu’on n’avait rien à déclarer. Sourire, salut, parfois une petite remarque sur la météo, et voilà, on avait passé la douane. Tout simplement.

Il y a quand même eu cette fois où je me rappelle d’un bruit sec. L’air était léger, la musique joyeuse, l’hiver doré sous un soleil printannier, avec l’envie de bière à l’estomac. Nous n’étions pas très loin de la frontière. Et clac ce bruit sec. Ma grand-mère avait dit au conducteur tient bien ta droite, un bolide à la couleur imprévue fonce sur nous. Et clac la couleur imprévue croise le bleu de notre véhicule. Les couleurs ne se mélangent pas, mais clac, la glace de notre rétroviseur s’est envolée. Arrivés à la frontière, l’air de rien, notre conducteur ralentit, baisse sa vitre pour les échanges courtois habituels avec le douanier. Rien à déclarer. Avec mes cousins et cousines on prend le fou rire. Ma grand-mère nous dit de nous taire. Notre douanier qui a le sens de l’observation ne sourit plus : "Vous n’avez plus de glace à votre rétroviseur et vous ne pouvez pas circuler avec un rétroviseur endommagé. Je suis dans l’obligation de bloquer votre véhicule". Et là, il baissa la barrière rouge et blanche.

proposition n° 8

En 1871 Augustin a 17 ans. Une fois de plus il a fait claquer la porte, une fois de plus la vieille pendule s’est probablement arrêtée. Derrière la porte il a laissé son frère Pierre le premier né de la famille, l’aîné celui qui veut tout régenter, tout organiser, tout prévoir. Augustin ne supporte plus ses airs de Monsieur je sais tout, je suis l’aîné, vous devez me respecter. Une fois de plus il s’est emporté, a crié, lui a dit ses quatre vérités, ils se sont disputés et comme si les mots ne suffisaient pas, il est sorti de la pièce en claquant violemment la porte. Il n’est pas fier, il sait bien que cela ne sert à rien si ce n’est à détraquer la pendule. Alors il décide de revenir pour s’excuser. Il ouvre la porte calmement. Pierre est toujours dans la pièce, assis au bureau de leur père, lissant de la paume de sa main droite un globe terrestre comme s’il caressait le monde. Les aiguilles de la pendule se sont bien arrêtées. Il faudra encore qu’il la répare, seule chose que Pierre lui concède de faire dans cette pièce depuis le décès de leur père.

Pierre rêve de partir en Amérique. En 1871 il a 20 ans. Depuis la mort de son père alors qu’il avait 14 ans, il n’en peut plus de son quotidien. Bien sûr il hésite à quitter sa mère, sa tendre mère. Il sait la peine indicible qu’il va lui infliger. Il voudrait lui expliquer. Il n’y arrive pas. Il ne s’inquiète pas pour son frère Augustin qui a la volonté, le caractère pour continuer à travailler la propriété familiale. Il n’y a pas de place pour deux. Il y a trop de divergences, trop de disputes. Il ne veut pas penser au chagrin qu’il va faire à Françoise sa petite sœur de 9 ans. Il a pris sa décision. Il va partir. Réaliser son rêve.
Pierre n’est jamais revenu en France. Il fut chercheur d’or, marchand de chevaux au Colorado, au Chili, en Argentine, en Californie et propriétaire d’un saloon à Prescott en Arizona.

En 2018 Lou a 20 ans. Elle se tient à une rampe d’escalier. Le bateau tangue. Dans le coffre de sa cabine elle a déposé un dossier. C’est sa mère qui le lui a confié. A l’intérieur, des photocopies de photos, de courriers. Une fois de plus elle a tout regardé, tout relu.

proposition n° 7

Un ennui à ne pas savoir par où commencer. Délirer sur les possibles, découvrir les impossibles. Renoncer à la dictature du soleil. Relire cette phrase de Flaubert, là juste derrière mon écran, collée sur un support de stylos : « L’horizon perçu par les yeux humains n’est jamais le rivage, parce-qu’au delà de cet horizon, il y en a un autre, et toujours ». Les images du jour m’envahissent. Elles sont découpées, empilées. Elles attendent leur attribution dans un grand cahier, un outil pour défilé de savoirs. Un défilé d’articles, de mots. Un défilé d’émotions surlignées en rouge, en vert. Toujours à la recherche des surligneurs. Remarquer puis marquer pour distinguer. Donner le sens des mots au delà du trait. Debout pour écrire souvent et souvent debout pour écrire. L’heure spéciale n’est pas requise, le silence décidé oui. Un silence de solitude avec des bruits choisis. France Musique m’accompagne, m’oblige à monter le son pour un air préféré, m’oblige à baisser le son à l’heure des informations. Pas de violation de silence par les infos. Ma tête est alors hors de mes mots. Derrière la frontière du mot debout il y a les trains, les bateaux, les voitures, les avions, où me voilà assise. Dans le sens ou contresens du mouvement l’application du smartphone pour rédiger est nécessaire. Et toujours un carnet dans la stabilité des chambres d’hôtel, des crayons de papier avec gomme, des crayons aquarelles pour imager le papier. Mon roman, mot fabuleux, occupe ma culpabilité. Des personnages vivent avec moi, m’envahissent parfois, me contrarient beaucoup et vieillissent assez peu. Le temps présent de leur fichier semble leur convenir. Je leur rends visite régulièrement. Les chardonnerets sont magnifiques, je leur mets des graines sur le bord de la fenêtre. A la radio un jour la nuit, un jardinier expliquait qu’il fallait donner à manger aux oiseaux pour que les jardins soient beaux. Alors je réfléchis. J’écrirai ça dans mon journal. Il se croise, il se double avec mes carnets, mes notes de smartphone sans jamais les mêmes mots. J’écris aussi avec les oeufs, la farine, le sucre, l’huile, le beurre pour l’édition croustillante de brioches aux pralines et cakes à la confiture. Le ciel est toujours en caprices d’orages. Il faut du temps pour la paix des nuages entre écriture et littérature. La discussion ne se fait pas sans colère. Ils annoncent le calme pour le milieu de la semaine prochaine. Les visiteurs verront les fleurs avec le beau temps. Le sapin a bien grandi. Il faudrait un autre arbre. Je teste le désherbant gros sel et eau bouillante. La mer vient à la terre. Le bahut est immobile. C’est là que j’écris debout. Un ennui à ne pas savoir par où commencer. Le monde est au fond de mon jardin. Il est aussi sur la planisphère posée sous mon ordinateur portable. J’y cherche un trésor, celui d’où je viens, celui des mots précieux de l’ordinaire.

proposition n° 6

Il est là, joliment rond, brillant d’un éclat lumineux devant la porte qu’elle s’apprête à ouvrir. Un caillou. Pierre, caillou, un caillou de pierre, un éclat de pierre, l’association d’idées est évidente, c’est un signe, un signe de Pierre. Pas de mot écrit sur le papier, juste un caillou. Le plus beau des cailloux volé à la terre. Un caillou de carrière peut-être. Un résidu de météorite propulsé par la puissance de l’univers, atterri là sous les paroles, le dialogue, les voix d’un départ indicible. Un caillou qui la touche, lui traverse le cœur. Pierre né pour partir, Pierre né pour aller remuer les cailloux, Pierre à genoux au bord de la rivière, Pierre au fil de l’eau pour l’espoir, le désespoir. Un caillou. Elle se penche, le ramasse, le sert fort dans sa paume, écoute les battements de son cœur. Elle ne pleure plus. Pierre précieuse de ce matin de chagrin ce caillou est le lien avec le vide de l’absence, le plus rien du bonheur quotidien. Il brille de toutes ses nuits de pleine lune. Il palpite comme un air entêtant, un frisson né du vent qui fait raisonner la vie. Elle le met dans sa poche. C’est son secret, elle le rangera dans le tiroir de sa table de nuit. Elle vivra sa transparence avant de partir dans le noir lointain des mots non écrits.

proposition n° 5

Pierre est parti, j’ai entendu un bruit... Qu’est-ce que tu racontes ? Comment ça Pierre est parti ? T’as entendu un bruit ? ...Oui vers 4 heures du matin, j’étais réveillée, j’avais compté les quatre coups de la pendule un peu avant ce bruit... Pourquoi tu ne t’es pas levée... C’était trop tôt, peur de te réveiller, et puis je ne sais pas, je ne sais plus, c’est comme ça, c’est sûrement mieux comme ça... Tu n’en sais rien, tu dis ça c’est sûrement mieux comme ça, mais tu n’en sais rien, pourquoi tu dis ça... Je ne sais pas, pour parler, pour éviter d’y penser, de tout refaire avec les si, tu sais bien que ça n’allait plus avec son frère... Il est où celui là, encore au lit c’est sûr... On ne peut pas compter sur lui... Qu’est-ce qu’on va devenir si Pierre est parti... Tu es sûre, tu as bien regardé ? Les billets que j’avais mis de côté, tu es sûre, ils n’y sont plus ? ... Plus rien, c’est sûrement lui qui a tout pris... Alors il est vraiment parti, je ne comprends pas... Il était bizarre tu sais, depuis quelques temps il était ailleurs mon Pierre... Arrête de pleurer, ça ne sert à rien, il va revenir, il ne peut pas nous avoir quittés sans un mot sur un papier, non ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’on va dire à sa sœur... Rien, rien, on va rien lui dire, laisse lui sa journée d’école tranquille, il sera bien temps qu’elle l’apprenne... Mon dieu, déjà 7 heures, elle va se lever, il faut que je lui prépare son déjeuner... Tu ferais bien d’aller secouer Augustin les vendangeurs vont arriver...

proposition n° 4

Je t’ai vu plusieurs fois. Il me suffisait de taper ton nom sur internet. Là je te voyais. Une photo de toi prise dans un cimetière.Tu es debout à côté d’une tombe. Tu t’es fait photographier à côté d’une tombe. Ton nom y est gravé tout à fait lisible. Aucun doute il s’agit bien de toi. Sur cette photo, tu es bien vivant. Quand j’ai lu pour la première fois La mort du jeune aviateur anglais de Marguerite Duras je n’ai pas pensé à toi. Je n’ai fait aucun rapprochement. J’aurais pu mais nous ne nous connaissions pas encore toi et moi, pas de cette façon dans un cimetière. Je n’avais pas encore respiré le même air que toi.

Je me suis adressée au gardien du temple de la mémoire familiale : « Les originaux ne sortiront pas de la boîte en fer ! » J’ai tout photocopié, photos, courriers. La photo où je te vois sur internet est aussi dans la boîte en fer. Qui l’a mise sur internet ? Je m’interroge mais en pleine activité professionnelle et familiale, je n’ai pas beaucoup de temps à te consacrer. J’enferme ta vie photocopiée dans un dossier. Il m’arrive de t’aérer quand je parle de toi. Doucement tu prends place dans ma vie. Tu es important.

Sur les bateaux de mes voyages, je sais celui que tu as pris quand tu as tout quitté. Je ne sais pas si l’émotion est proportionnelle à la distance, à la profondeur des océans qui nous éloignent de ceux qu’on aime. Je pense à toi. Les pierres sous tes pas, les selles sur tes chevaux, l’immensité de tes paysages, les amours de ta vie, le soleil de tes jours, les étoiles de tes nuits, je les espère.

Il y a la longueur du temps pour les mots à écrire. Tout ce que je n’écris pas est déjà dans le livre. Je n’écris pas le bruit de la porte qu’il a fermée quand il est parti. Je n’écris pas le bruit de toutes celles qu’il a ouvertes dans son ailleurs. Il n’est qu’une ligne écrite sur un arbre généalogique. J’accrocherai le livre à la branche de son arbre.

proposition n° 3

Des boutiques aux mille pierres précieuses nous emmènent jusqu’à son cœur. L’ombre des statues, la hauteur des marches, la grandeur des portes nous offrent son monde infini.

Selon ce qu’elle raconte...

Il y a bien longtemps un pont traversait la ville sous son voile de dentelle. L’air était léger. On respirait l’ovale des choses qui s’étire avec avec le temps. Les jardins vivaient la nuit sous les lumières éclairées des étoiles. La jeunesse venait y rêver, y bavarder, on y divulguait des secrets. A l’aube, les fontaines réveillaient les bouches asséchées de ceux qui avaient trop parlé. Sur le pas de leur porte, les plus âgés étaient assis et restaient là la journée. On les appelait les « Assagis ».

Selon ce qu’elle raconte...

Eux aussi ils s’étaient cru tout permis. Eux aussi ils avaient vécu la nuit. Eux aussi ils s’étaient réveillés la bouche à l’eau des fontaines. A la vie avancée ils s’étaient réunis et avaient exigé qu’il y eût des fontaines dans tous les quartiers de la ville. Par mesure d’hygiène on y ajouta des crachoirs. "Il faut pouvoir se laver la bouche à tout moment de la journée" disaient-ils. "Il faut même se la laver 7 fois avant de parler".

Selon ce qu’elle raconte...

Au fil des années, inexplicablement, la planète se réchauffa et le soleil assécha toutes les fontaines. Les « Assagis » décidèrent que les habitants ne parleraient plus. Le silence enveloppa la ville. Chacun ne s’adressant plus qu’à lui-même se mit à cultiver son « langage secret ». Certains taillaient, bouturaient leurs phrases. Quelques uns les laissaient pousser sans jamais les arrêter, sans points, sans virgules : le lierre des mots les envahirent et ils moururent étouffés.

Selon ce qu’elle raconte...

D’autres y trouvèrent leur bonheur. Nul ne les contrariait. Quand trop de sérénité les envahissait, ils se fustigeaient avec quelques adjectifs exclamatifs ! Il y avait aussi les « poètes ». Leur langage variait selon les saisons. Pendant l’hiver assemblage de mots. Au printemps semis et plantation de l’alphabet dans les boîtes à idées. L’été bonheur de regarder pousser. A l’automne cueillette, classement des sujets et attribution des couleurs pour illuminer l’hiver. Tous en silence vivaient en paix et étaient toujours occupés par leur « langage secret ».

Selon ce qu’elle raconte...

Une nuit toute la ville fût réveillée. La dentelle qui l’enveloppait fût déchirée par des éclairs et l’eau roula sous le pont. On ouvrit toutes les boîtes à idées. On se mit à cultiver des vraies graines, à vendre les récoltes, à commercer, à prospérer. Une nouvelle vie avait commencé. Les fontaines se remirent à couler. On les admirait, mais on avait oublié à quoi elles servaient. Les crachoirs étaient vides.

Selon ce qu’elle raconte...

On crut qu’il fallait remercier les cieux et on se mit à y jeter des pièces de monnaie. « Ça porte bonheur et un instant on est heureux » disaient les vieux...

proposition n° 2

Elle entend Eros Ramazzotti, Elton John et d’autres encore, des femmes aussi à la voix grave, et le bruit cristallin des verres posés sur les tables d’un grand bar. Elle voit un homme en bleu, les yeux bleus et l’âge bleue. Il marche.

Ce matin pendant la conférence sur les îles d’Océanie elle s’est endormie. Juste le temps de noter trois îles et elle s’est réveillée devant les tableaux de Gauguin.

Dans le petit salon aux fauteuils délicieux où elle est assise, elle a terminé la lecture de Les deux sœurs de Paul Bourget. Puis elle a commencé Marie-Claire de Marguerite Audoux Prix Fémina 1910. Téléchargements gratuits sur sa liseuse.

Sur son petit carnet elle se sent écrire comme elle lit, comme elle vit. Doucement, vivement, ça dépend, le roulis en décide.

Et toujours à l’horizon, aussi loin que ses yeux vont, toujours la mer, cet océan pacifique sur lequel elle navigue. Sur le pont il y a toujours de jeunes hommes qui agitent des balais, des pinceaux. Ils sont quatre sur le même chantier de deux mètres carrés. Ils ont l’air d’être organisés et toujours en gaîté.

Il faut traverser des couloirs, monter, descendre des escaliers et quelquefois prendre l’ascenseur. Elle ne connaît pas tout par cœur dans ce bateau, mais pour se repérer il y a des couleurs : bleu l’avant, jaune le milieu, et rouge l’arrière. Le décalage horaire est de 11 heures avec la France où il a encore neigé. Là au milieu de l’océan de blanches nappes d’écume se teintent de turquoise quand elles rejoignent la crête des vagues. Le spectacle n’est jamais immobile. Où commence-t-il ? Où finit-il ? A terre sur le rivage les vagues frappent les rochers, caressent le sable et toujours en mouvements incessants. Elle se sent fragile.

Derrière elle dans ce petit salon délicieux un couple fait connaissance. La jeune femme propose de faire une promenade. Ils partent. Elle a des semelles de chaussures assorties à la couleur de son pantalon à lui, vert pomme.

« L’océan pacifique porte bien son nom, tantôt agité, tantôt calme, il porte bien son nom, Pacifique ». C’est ce qu’elle vient d’entendre de la voix d’un homme au bout du salon. Elle, elle aurait dit Pacifique, calme, paisible et serein tout le temps. Il faudra qu’elle vérifie. Cet homme ne lui paraît pas très intéressant dans ses propos : il est content parce-qu’à San-Francisco il a vu l’emblème de la ville : deux homos qui se promenaient en se tenant par la main. « Avant ils vivaient cachés, et maintenant ils veulent tout ! Qu’ils ne touchent pas à notre Société. Il ne faut pas tout mélanger, les enfants, le mariage, faut pas exagérer ». Dans le frigo de sa cabine il a plein d’apéros, du whisky, du Baileys. « Le Baileys c’est bon pour les femmes : c’est doux elles aiment ça ! »

Elle écrit sur son petit carnet « Il n’y a pas que le roulis qui peut donner la nausée ».
Par la fenêtre du petit salon délicieux elle voit encore l’homme en bleu, yeux bleus, âge bleue, il marche, il marche... Sa chemise est trempée de sueur.

proposition n° 1

Rouge le ciel, rouge la terre. Cathédrales, églises, temples fermés. Les croix sont tombées. Les yeux dans les vagues de la mer, elle tangue. Les plis de sa robe se sont refermés sur ses mains. Le bateau traverse le brouillard. Le feu crépite sur le rouge, la fumée dessine l’avenir. Elle ne se réveille pas.

Le col de sa chemise est blanc, seule touche de clair sur son costume noir. Dans ses mains il tient une feuille de journal jaunie dont on distingue à peine les lignes d’écriture. La tête penchée il semble s’appliquer à les déchiffrer. En face de lui trois tableaux sont accrochés au mur. Le plus petit, un portrait,est éclairé par un rayon de soleil.

Elle n’est pas très sûre d’elle sur ses talons aiguilles. Elle tient la rampe d’escalier. Un bibi est posé sur sa coiffure punk. Sa robe assortie à son chapeau lui arrive au dessus du genou. Elle lui sert la taille. Ses lèvres sont gourmandes. Le reste de son visage semble nettoyé par des larmes.



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1ère mise en ligne 23 décembre 2018 et dernière modification le 4 mars 2019.
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