De l'autre rive nous regardions les palais. Tu trouvais les mots pour embellir. Je devenais sereine et puissante. Ici, comme un centre un tournoiement plein d'éclaboussures. La ville est devenue creuse. Les ruelles sombres les voûtes ouvertes sur les canaux noyés dans le flou. Ce qui respirait c'était toi, tout humide contre la fenêtre séchant tes cheveux dans le triangle de lumière qui arrivait jusqu'au rebord. La vieille dans la pièce à côté parlait avec ses chats et les odeurs de poisson frit nous arrivaient de la cuisine mêlées à celle des fruits trop mûrs écrasés sur une dalle. Sur les places on ouvrait les puits de pierre qui pour tous semblaient scellés. Au fond on voyait parfois nos visages et la ville vacillante irréelle dansant sur nos reflets. Murs creux façades belles, ne pas rappeler les soirées mourantes. Danièle Collobert, Dire I - II, Change, Seghers/Laffont, 1972.
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