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bible, nouvelle traduction s'expliquer |
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'la bible, nouvelle traduction" est
parue en 2001 aux éditions Bayard
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Premier
En-tête (Genèse), traduction Frédéric Boyer
Dieu dit Lumière
En-tête (Genèse), traduction Frédéric Boyer
entretien Belinda
Cannone - François Bon Cette participation à la traduction de la
Bible a-t-elle un sens par rapport à vos croyances, et si non,
pourquoi avoir collaboré au projet? Quel sens selon
vous à retraduire la Bible
aujourd'hui? en quoi les traductions précédentes n'étaient-elles
pas suffisantes, ou plutôt qu'apporte celle-ci? Comment avez-vous
travaillé avec l'exégète?
dans quelle mesure diriez-vous que vous avez "traduit" la
Bible? Dans ce travail
qu'avez-vous cherché à faire,
quel effet à obtenir? Cela a-t-il modifié quelque chose
dans votre travail d'écrivain, ponctuellement ou définitivement?
Entretien avec Patrick Kéchichian pour Le Monde (fin août 2001) Comparé à l’exercice de la traduction littéraire
dont vous avez pu faire l’expérience, quelles réflexions
ce travail particulier vous inspire-t-il ? Quel type de
rapport avez-vous entretenu avec les textes bibliques dont vous aviez
la charge ? A vos yeux, ce rapport
est-il spécifié,
ou infléchi, par la nature des textes en question ? En somme, étiez-vous
dans un espace littéraire et/ou religieux, et quelle était
la mesure de l’un et de l’autre ? Cette proximité avec la lettre des textes bibliques a-t-elle
modifié votre relation à l’esprit, ou au sens, de
ces textes d’une part, de la Bible dans son entier d’autre
part ? Comment avez-vous
ressenti le travail en collaboration ? Quelle était
la singularité et la nature de votre apport comparé à celui
du " spécialiste "? Votre identité, vos " compétences " d’écrivain
ont-elles, à vos yeux, donné à cette entreprise
un sens, une tonalité propres ? Et si oui, lesquels ? Si cela vous
semble nécessaire, expliquez pourquoi votre choix
s’est porté sur tel (s) livre (s) de la Bible plutôt
que sur un autre.
le début d'Exode, traduction François Bon / Walter Vogels - © Bayard Presse / la bible, nouvelle traduction François Bon et Stéphanie Béghain - lecture d'Exode - La Colline, 11 septembre 2001 - photo Olivier Nourisson
Et voici les noms des fils d’Israël entrés en Égypte avec Jacob, chacun avec sa maison : Rouben, Siméon, Lévi, Juda, Issakar, Zabulon, Benjamin, Dan, Neftali, Gad Asher, et ceux sortis de la cuisse de Jacob : soixante-dix, Joseph étant en Égypte. Joseph meurt, et tous ses frères, toute cette génération. Les fils d’Israël se reproduisent, ils augmentent, ils multiplient, ils se renforcent de plus en plus, le pays se remplit d’eux. Un nouveau roi se lève sur l’Égypte, qui n’a pas connu Joseph, il dit à son peuple : Ha! le peuple des fils d’Israël est plus nombreux et plus fort que nous. À nous d’être sages : si vient la guerre, qu’eux aussi sont avec nos ennemis, ils feront guerre contre nous, ils quitteront ce pays. Il met après eux les chefs de corvées pour les affliger de charges, et ainsi ils bâtissent les entrepôts pour Pharaon, des villes : Pitom et Ramsès. Mais plus il les afflige, plus ils multiplient, plus ils éclatent : et eux sont excédés par les fils d’Israël. Alors eux d’Égypte asservissent les fils d’Israël avec cruauté, ils leur font la vie amère, et dure servitude par l’argile et les briques, par la servitude des champs et toute servitude où asservir en cruauté. Le roi d’Égypte dit aux accoucheuses des Hébreux, et le nom de l’une c’est Shifra et le nom de la seconde Poua, il dit : Quand vous accouchez les femmes des Hébreux, regardez aux deux pierres: si c’est un fils, à mort, si c’est une fille, vie. Mais les accoucheuses craignent Dieu, elles ne font pas ce que dit le roi d’Égypte, elles laissent vivre les enfants. Alors le roi d’Égypte appelle les accoucheuses, il leur dit : Pourquoi vous faites cela, de laisser vivre les enfants ? Les accoucheuses disent à Pharaon : Les femmes des Hébreux ne sont pas comme les femmes d’Égypte, elles sont fortes : quand l’accoucheuse arrive près d’elles, déjà elles ont accouché. Dieu fait du bien aux accoucheuses, et le peuple se multiplie, il se renforce beaucoup. Parce que les accoucheuses ont craint Dieu, il leur donne maison. Pharaon ordonne à tout son peuple : Tout fils accouché, au fleuve. Toute fille, vie. Un homme de la maison de Lévi va et prend une fille de Lévi, la femme conçoit et accouche d’un fils. Elle le voit, et qu’il est beau : elle le cache trois mois. Quand elle ne peut pas le cacher plus, elle prend un coffre de roseau, l’enduit de bitume et de poix, elle y met l’enfant et le met dans les joncs du bord du fleuve. Sa sœur veille plus loin, pour savoir ce qu’on lui ferait. La fille de Pharaon descend dans le fleuve pour s’y baigner, et ses servantes vont le long du fleuve : elle voit le coffre dans les joncs et elle envoie sa servante, qui le prend. Elle l’ouvre et elle le voit, l’enfant : Regarde, un garçon qui pleure ! Elle a pitié et elle dit : C’est un enfant des Hébreux. Alors sa sœur dit à la fille de Pharaon : Je vais demander une nourrice aux Hébreux pour toi, pour toi elle nourrira l’enfant. La fille de Pharaon lui dit : Va. La jeune fille va et appelle la mère de l’enfant. La fille de Pharaon lui dit : Prends cet enfant et nourris-le pour moi, je te donne salaire. Ainsi, la femme prend l’enfant et le nourrit. L’enfant grandit, et elle le fait venir à la fille de Pharaon, il devient pour elle un fils. Et elle crie son nom : Moïse, et elle dit : Parce que je l’ai tiré de l’eau. En ces jours-là, ce qui arrive : Moïse a grandi. Il sort vers ses frères et voit leurs corvées, il voit un homme égyptien qui frappe un homme hébreu parmi ses frères. Il tourne son visage d’un côté, de l’autre, voit qu’il n’y a personne, frappe l’Égyptien et le cache dans le sable. Il sort le second jour, et voici : deux hommes hébreux qui se battent. Il dit au criminel : Pourquoi tu frappes ton compagnon ? L’autre: Qui t’a mis, toi un homme, pour chef et juge sur nous ? Tu veux me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? Moïse craint et dit : Maintenant, cette affaire-là est sue. Et Pharaon entend cette affaire, il cherche à tuer Moïse. Moïse s’enfuit loin de Pharaon, il s’installe au pays de Mâdian, il s’installe près du puits. Le prêtre de Mâdian a sept filles. Elles viennent, elles puisent et remplissent les auges pour abreuver le troupeau de leur père. Les bergers viennent et les chassent : Moïse se lève et les délivre, il abreuve leur troupeau. Quand elles reviennent auprès de Reouel, leur père, il dit : Pourquoi revenez-vous si tôt, aujourd’hui ? Elles disent : Un homme égyptien nous a délivrées de la main des bergers, il a puisé pour nous et il a abreuvé le troupeau. Il dit à ses filles : Et où est-il ? Et pourquoi cet homme vous l’avez laissé ? Appelez-le, qu’il mange le pain. Moïse veut bien s’installer avec l’homme et il donne Zipporah, sa fille, à Moïse. Elle enfante un fils et il crie son nom : Gershom, et il dit : Car je suis un étranger en terre étrangère. Des jours passent, beaucoup, le roi d’Égypte meurt. Les fils d’Israël gémissent dans leur servitude, ils crient à l’aide, et leur appel dans leur servitude monte vers Dieu, Dieu entend leur plainte, et Dieu se souvient de son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob. Dieu voit les fils d’Israël : et Dieu sait. Moïse conduit au champ le troupeau de Jethro son beau-père, prêtre de Mâdian. Il mène le troupeau au-delà du désert et il vient à la montagne de Dieu, à Horeb. Le messager de YHWH se fait voir à lui dans une flamme de feu au milieu du buisson, il voit et voici : le buisson brûle de feu, mais le buisson n’est pas brûlé. Moïse dit : Détour, détour pour voir cette grande vision : pourquoi ce buisson ne brûle pas ? YHWH voit qu’il fait détour pour voir, Dieu l’appelle du milieu du buisson, il dit : Moïse, Moïse ! Il dit : Me voici. Il dit : N’approche pas ici. Enlève tes sandales de tes pieds, car ce lieu où tu te tiens est terre sacrée. Et il dit : Je suis Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob. Moïse cache son visage, car il craint de fixer son regard sur le Dieu. YHWH dit : Je vois l’oppression de mon peuple en Égypte, j’entends ses cris sous les gardes-chiourme, oui, je connais ses souffrances. C’est pourquoi je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et pour le faire monter de ce pays vers un pays bon et vaste, un pays ruisselant de lait et de miel, dans le lieu où sont le Cananéen, le Hittite, l’Amorite, le Perizzite, le Hiwwite et le Jébusite. Et maintenant, ha, le cri des fils d’Israël est venu à moi, et j’ai vu l’oppression dont les Égyptiens les affligent. Maintenant, va! Je t’envoie vers Pharaon. Fais sortir mon peuple, les fils d’Israël, du pays d’Égypte. Moïse dit à Dieu : Qui je suis, pour aller vers Pharaon et faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? Il dit : Parce que je serai avec toi et ceci sera pour toi le signe que moi je t’envoie : quand tu auras fait sortir le peuple d’Égypte, vous servirez Dieu sur cette montagne. Moïse dit à Dieu : Ha, moi je viens vers les fils d’Israël et je leur dis : Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Ils me diront : Quel est son nom ? Qu’est-ce que je leur dis ? Dieu dit à Moïse : Je serai : je suis. Et il dit à Moïse : Ainsi tu diras aux fils d’Israël : Je suis m’envoie vers vous. Dieu dit encore à Moïse : Ainsi tu diras aux fils d’Israël : YHWH, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob m’envoie vers vous. Ceci est mon nom à jamais, ceci sera ma mémoire, de génération en génération. Va ! Rassemble les anciens d’Israël et dis-leur : À moi s’est fait voir YHWH, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob, disant : Pour observer, je vous ai observés, et ce qu’en Égypte on vous fait. Et j’ai dit : Je vous ferai quitter l’oppression d’Égypte, vers le pays du Cananéen et du Hittite et de l’Amorite et du Perizzite et du Hiwwite et du Jébusite, vers un pays ruisselant de lait et de miel. Ils écouteront ta voix et vous irez, toi et les anciens d’Israël, vers le roi d’Égypte. Vous lui direz : YHWH, Dieu des Hébreux, s’est révélé à nous. Maintenant laisse-nous marcher trois jours dans le désert et aller sacrifier à YHWH notre Dieu. Mais moi je connais le roi d’Égypte, il ne vous laissera pas partir, sauf par main forte. Alors j’étendrai la main et je frapperai l’Égypte avec tous mes prodiges, que je ferai en son plein milieu. Après cela, il vous renverra. Moïse répond et dit : Mais ils ne me croiront pas, ils ne m’écouteront pas. Ils diront : YHWH ne t’est pas apparu. YHWH lui dit : C’est quoi, là, dans ta main ? Il dit : Un bâton. Il dit : Jette-le par terre. Et il le jette par terre et il devient un serpent et Moïse s’enfuit de devant lui. YHWH dit à Moïse : Avance ta main, et attrape-le par la queue. Il avance la main, l’attrape, et dans sa paume il redevient bâton. Ceci pour qu’ils le croient, que YHWH, Dieu de leurs pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob s’est montré à toi. Et YHWH dit encore : Maintenant, entre ta main dans ton sein. Il entre sa main dans son sein, et il la sort de son sein et voici : sa main a la lèpre, couleur de neige. Il dit : Retourne ta main vers ton sein. Il retourne sa main vers son sein, il la sort et voici : elle est redevenue comme le reste de sa chair. Il en sera ainsi : s’ils ne te croient pas et s’ils n’entendent pas le message du premier signe, ils croiront le message de l’autre signe. Et il en sera ainsi : s’ils ne croient pas même à ces deux signes et n’écoutent pas ta voix, tu prendras l’eau du fleuve et tu la répandras sur la terre sèche, et l’eau que tu auras prise du fleuve sera du sang sur la terre sèche. Moïse dit à YHWH : Ô, Seigneur, je ne suis pas un homme pour parler, et hier pas plus qu’avant-hier, pas plus que depuis que tu parles à ton asservi. Parce que moi je suis lourd de bouche et lourd de langue. YHWH lui dit : Qui a mis une bouche à l’homme, qui le rend muet ou sourd, voyant ou aveugle, sinon moi, YHWH ? Alors maintenant, va ! Et moi je serai avec ta bouche, je t’instruirai de ce que tu diras. Il dit : Ô, Seigneur, envoie quiconque tu voudras ! La colère de YHWH brûle contre Moïse, il dit : N’y a-t-il pas Aaron, ton frère, le Lévite ? Je sais que pour parler il parle, lui. Et même, voici : il sort à ta rencontre, et quand il te verra, il se réjouira en son cœur. Tu lui parleras, et tu mettras les paroles dans sa bouche. Et moi je serai avec ta bouche et avec sa ouche et je vous instruirai de ce que vous ferez. Lui, il parlera pour toi au peuple. Lui, il sera pour toi une bouche, et toi tu seras pour lui un Dieu. Et ce bâton prends-le dans ta main, avec lui tu feras les signes.
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