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2009.06.20 | de lire sans livre

Le TGV part de gare de Lyon avec 22 minutes de retard, comme d’habitude « incident technique et on ne vous en dit pas plus, résultat manqué la correspondance à La Part-Dieu, l’autre train part au moment même où on arrive mais ils ne l’auraient pas fait attendre, donc une bonne demi-heure dans le grand hall des transits et re-changement ensuite non prévu à Valence, du coup arrivés dans cette ville où vous tombe la chaleur et les couleurs du sud onze minutes avant le rendez-vous, et quarante minutes qui restent ensuite pour revenir à la gare où une voiture vient vous prendre : n’avoir rien vu de la ville. Je n’ai pas emporté de livre, j’avais cherché mon Pléiade Edgar Poe avant le partir mais pas pu mettre la main dessus, ce n’est pas la lecture qui manque puisque j’ai la Sony, mais c’est plutôt une autre migration – l’ordinateur sert de prétexte à cette divagation qui passe plutôt par les images, les 34 photos de passerelles et escaliers mécaniques à Valence TGV, les textes transmis par mail, les épreuves de livres aussi que je préfère lire sur l’ordinateur que via ces services de presse que j’entasse dans un coin de ma pièce de travail déjà saturée avant de les déposer régulièrement à la librairie pareil qu’on fait pour le verre à recycler. Donc plutôt penser aux livres qu’à les lire ou relire en ce moment : fermer sa tête et repenser aux lectures, donc Edgar Poe et Baudelaire – tenter de reconstruire ce qu’on porte de. Lundi j’aurai matériellement en main le bouquin à paraître fin août, autre côté de même bascule : avoir immense facilité de rêver à des livres, et peut-être ne pas avoir d’autre idéal que des livres qui porteraient sur la lecture (commencé le Pietro Citati sur le 19ème), le rêve d’un livre sur Balzac, d’un livre sur Michaux, et en même temps via le Net l’atelier des proses brèves, la distension entre l’acceptation résolue, profonde, de la bascule et ce qu’on porte au-dedans qui est lié à ce haut fil de mémoire dont un objet matériel est le dépôt de temps – je construis à mon usage un Edgar Poe numérique qui est un véritable outil de navigation, lecture, recherche, mais ce qui circule en accès libre n’est pas capable à l’heure qu’il est d’imposer la magie dans lequel autrefois je l’ai reçu. Les Histoires extraordinaires et Nouvelles histoires extraordinaires c’est directement sur le Net qu’elles s’écrivent : période où la littérature doit apprendre l’art du saut, mais sans héritage ? Besoin en ce moment de journal, sans savoir si c’est ici la place.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 juin 2009
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