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2008.10.23 | Montparnasse, petits papiers du cimetière

Pour aller de la gare Montparnasse à la rue Huyghens, où sont les bureaux d’Albin-Michel, le plus court c ’est de traverser le cimetière. Alors, depuis 2 ans, j’y prends mes habitudes.

Ce jeudi, j’arrive à paris à 14h30, et je dois être à la Cinémathèque à 16h30, me mettre en condition pour ma conférence à 19h. Alors, saluer les vieux amis d’ici est propice, comme Tristan Tzara sous son herbe mi sauvage. Ou bien est-ce que c’est le travail intérieur qui commence, dans cette perspective de quitter la France, une sorte de pulsion à accumuler, s’accrocher à ici.

Je n’arrive jamais à tomber tout droit sur la tombe de Cortàzar. Sans doute, le connaissant, qu’il la déplace d’un endroit l’autre, la nuit. C’est une de celle où les petits papiers son renouvelés le plus souvent, mais quasi tous en espagnol. Un ou une touriste a même abandonné son plan de Paris : elle ne comptait pas en repartir, du cimetière ?

Chez Baudelaire, quelqu’un a laissé, au dos de la tombe, des sous : quatre-vingt centimes. Là je ne comprends pas trop : la charité pour qui ? En tout cas, s’il compte faire fortune, il y a d’autres intercesseurs que celui qui toute sa vie s’est fait spolier par le cher notaire Ancelle. Un autre a mis un caillou tout en haut du monument, mais n’y a coincé qu’un vieux ticket de métro : je trouve qu’ils en prennent trop à leur aise, avec le vieux râleur des Fleurs mystiques.

Beckett se tient à l’écart de tout ça. À lui, ce sont de vraies fleurs qu’on dépose, et qui fanent comme tout, ici, puisque c’est l’automne.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 octobre 2008
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