< Tiers Livre, le journal images : 2020.12.28 | je sais faire du portrait

2020.12.28 | je sais faire du portrait

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Je l’ai fait souvent dans ce journal, à preuve le mot-clé qui les rassemble, quand je les croise je les photographie. Quelquefois cela va très vite, mais de plus en plus avec un protocole qui se précise : face, côté, arrière, détails et plans rapprochés, et l’usage, la salissure, l’effort — la pâte humaine dans la conception puis l’utilisation, ce que cela laisse de traces et comment ces traces nous parlent, phrase qu’il faut aussitôt renverser : phrases qui nous parlent depuis l’intérieur de nous. Alors peu importe où je les croises, eux et elles dont je fais le portrait, ce n’est pas forcément en lieu symbolique ou d’importance collective. Mais vrai, je n’avais jamais vu de broyeur de bois de cette taille, il doit en exister de pareils au Québec mais celui-ci est de fabrication allemande, et il était à l’oeuvre à Kercado : manoir discrètement retranché derrière les alignements de Carnac, et dont les toits, voire même le château d’eau ventru qui le surplombe (non, mais ils n’auraient pas pu le mettre ailleurs) semblent à eux seuls comme une allégorie de la Bretagne. Là-haut, le tumulus, pas réduit à l’état de ces squelettes de pierre qu’on admire sous le nom d’allées couvertes, et autour du tumulus un cromlec’h, ces pierres disposées en rond comme celui mystique aussi d’Ouessant. La machine à désosser le bois semble avoir eu pour tâche de rendre majesté au tumulus et aux pierres qui autour de lui font la ronde. Je ne sais pas s’il est resté longtemps, s’il est parti ensuite et pour où. Moi j’ai mon portrait.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 28 décembre 2020
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