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2020.06.30 | de remplacer les ciels

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On nous assomme de ces pubs à tout faire en un clic, et le fait d’en parler ici va les multiplier sur tous mes écrans. Remplacer le ciel, en photo comme en vidéo, rien de neuf. Je me souviens de tutos de Peter McKinnon, qui a été un fameux prof avant d’être millionnaire, comme Casey Neistat avant lui, sur comment il s’y prenait pour remplacer le ciel, aussi bien dans ses photos que dans ses vidéos. Mais Gustave Le Gray y procédait déjà pour photographier ses vagues vers 1850...

Remplacer par quoi ? La première fois que j’ai vu une vidéo en stock footage c’était à Cergy, un étudiant (chinois bien sûr) qui alignait 8 minutes de reflets changeants sur une mer permanente et infinie. Je découvrais l’existence de ces bassins thématiques de milliers de vidéos, à télécharger pour quelques cts, bien avant même l’émergence de ces plateformes par abonnement, sur le même principe que les bibliothèques sonores (comme Epidemic Sound dont je me sers pour mes YouTube). D’autant que c’est une source de revenus non mineure pour des centaines ou milliers de vidéastes, un beau plan propre en 4K et il te gagnera 3 sous même pendant que tu dors, et là aujourd’hui ces photos qui sont nickel — la chance du soleil rasant du soir, faites à main levée en 10 minutes, les mêmes faites 1 heure plus tôt avant le restau étaient correctes, mais parfois oui, ce miracle de lumière — je pourrais les déposer sur l’une d’entre elles, correctement taguées lieux et thèmes, ça pourrait servir à l’office du tourisme départemental (quoique je sois du 85 et non du 17, donc limite pour l’appropriation culturelle).

Clairement ou sombrement, les ciels sur Lightroom c’est l’enfer. J’utilise ces filtres gradués, je peux les incliner et baisser la luminosité, désaturer un peu et par contre pousser un poil la température vers le côté bleu, mais il faut être infiniment discret. Rien de pire, quand tu pratiques toi-même LightRoom, qu’à découvrir la photo de quelqu’un tu voies en même temps ses filtres, brosses, petits effaçages etc. Et je sais bien mes propres problèmes, tendance à trop de contraste et de tranché, sans que je sache si c’est lié à ma déficience de vue, ou à une affirmation de style qui, comme l’écriture, comme l’écriture exactement, ne dépend pas de soi-même mais s’impose et pour toute une vie.

Quelquefois je pense à LightRoom non comme geste ou action mais comme temps. À Cergy j’entrais souvent dans la petite bauge sans oxygène des LightRoomeurs et autres Photoshopeurs, mais je ne suis pas du genre à demander : là encore, question de finalité, si tu veux aller vers tirage ou accrochage, c’est 4 heures par image. Moi probablement 8 ou 10 minutes pour définir masque de la photo la plus caractéristique de la série, ensuite j’adapte pour chaque autre en 2 ou 3 minutes, c’est pas du boulot — ou si, c’en est, mais pour la publication en ligne. Et des fois tu te dis que ce jeu de doigts est plus important que le boîtier et l’unique focale fixe dont tu disposais (pas de recadrage), même si évidemment jamais tu n’aurais ça avec un téléphone, mais pas la peine de l’expliquer à ceux qui photographient (ou le croient) avec leur téléphone.

Donc non, je ne remplace jamais les ciels. Donc oui, ce réglage du ciel est ingrat, mais si tu es de l’Ouest sous un ciel d’Ouest, tu ne vas pas ajouter un ciel chinois (tu les aimes tant pourtant en peinture, les ciels d’Asie) ni un ciel canadien (c’est pourtant une capitale des vlogs ciné photo, Toronto). Voilà pour la question de remplacer les ciels, en un clic ou pas, pour améliorer les photos téléphone.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 juin 2020
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