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2019.11.20 | ça doit être fini maintenant

une autre date au hasard :
2008.12.10 | silos de Saint-Saviol
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Je suis sur un 25 000 signes pas facile, qui me prend beaucoup plus de temps que prévu. Mais je m’attelle : je n’avais pas eu d’hésitation à répondre à la commande, ça me ramenait sur le plateau de Saclay tellement arpenté tout l’hiver et printemps 2012 pour la résidence S-Cube et tant de rencontres qui restent aujourd’hui ancrées profond et à vif dans mon paysage du dedans. Reste qu’un texte il faut le conduire, et des fois ça glisse, ça patine. Il faut y ancrer des intensités, lâcher de soi alors que ce n’est pas un contexte qui y autorise tant que ça. Bon, c’est mes oignons, sauf que maintenant le délai chauffe rouge. Alors je me balade une fois de plus, comme souvent ces temps-ci, en jouant sur les boutons de Lightroom et en modifiant les infinies grilles de petites icônes d’affichage. J’aperçois une zone plus abstraite, certainement un chantier, il y a une grue, mais j’ai toujours photographié les chantiers. La seule chose qui me revienne c’est d’être sorti d’une gare RER pour rejoindre un rendez-vous, que c’était un matin gris comme aujourd’hui, et qu’en longeant ce chantier j’avais shooté. Les métadonnées m’informent que c’est la période avec le petit Canon G12 (les poussières de Fos auront raison de lui un peu plus tard), avec quand même une sortie à 3648 x 2432 pixels — est-ce que c’est lié à ce qui me gêne depuis ces quelques semaines avec les photos d’archive, j’aurais toujours envie de recadrer un petit chouïe mais ça ne rend pas : plutôt que je photographiais à hauteur d’oeil et maintenant plus jamais, plutôt niveau ventre. Mais impossible de situer : grande couronne parisienne certainement, mais où quand. J’affiche uniquement la série faite ce jour-là, retrouve les photos du chantier et défile vers les suivantes. Je vois un « cinéma Jacques Prévert », bon, déjà ça aidera à s’y repérer. Puis une médiathèque : mais elles se ressemblent tellement toutes les médiathèques de périphérie. Celle-ci se nomme François Mitterrand, mais alors je revois sur les photos le visage de Florian D., c’est bon, il n’y aura pas besoin de Google ni d’aller laborieusement remonter la date dans l’agenda du Mac : c’était les Ulis. Pile exactement où ça coinçait, mon texte. Sauf que maintenant, sept ans plus tard, doit bien être fini, ce chantier.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 novembre 2019
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