< Tiers Livre, le journal images : 2019.09.13 | ouate, plumes, perles, grève & lycée pro

2019.09.13 | ouate, plumes, perles, grève & lycée pro

une autre date au hasard :
2007.02.28 | Auvergne, druidiques
précédent _ suivant

C’est vieux et mal fichu, le lycée pro Truffaut, et à l’étroit dans une de ces vieilles écoles primaires qui sont la légende de l’instruction publique, mais c’est en plein Marais, à deux pas du musée Picasso. Les gamins ne sont pas du quartier (on ne va pas au lycée pro, quand on habite ces quartiers), ils viennent des arrondissements populaires et de la banlieue. C’est parce qu’ici on est au coeur de toutes les petites industries spécialisées de la mode et du luxe : pour cela, les boîtes sur les armoires avec ouate, perles de papier. Ici on travaille la plume. Ce serait un jeu de mot idiot de dire que c’est pour cela qu’on y fait aussi des ateliers d’écriture. Voir le travail, toutes ces années, de Thérèse de Paulis : dix ans qu’elle les emmène au Louvre, y fait ses cours, et au bout de l’année ensemble ils font un film : passez sur Vimeo voir ce que ça donne, et l’an dernier prix de l’innovation pédagogique de l’éduc nat. Dans les lycées hôteliers on prépare des repas, il y a des ateliers mécaniques et des salons de coiffure dans les lycées pro qui y sont voués, alors pour eux, qui seront gardiens de musée, ou s’occuperont de l’accueil et de la régie dans les théâtres, idée simple : convertir en vrai théâtre plus galerie le grand préau donnant sur la rue de Bretagne, et c’est eux les élèves qui vont tout organiser et gérer. Un lieu de 150 places, en plein Marais, pour lectures performances, petites formes, expos d’art émergent, et ça commence là en octobre. L’idée, cette année, c’est de mener notre atelier, toujours au Louvre, avec pour chaque binôme à la main une discrète GoPro (j’ai testé, ça donnait ça, immersion Louvre avec GoPro. On devait commencer aujourd’hui, sauf que grève totale des métros, pour question de retraite : je peux pas parler contre, sinon à 66 balais de saltimbanque je n’en serais pas à me dire qu’il faut que je tienne encore 10 ans à bosser. Mais c’est eux les otages, les gamins qui resteront coincés dans leurs cités au lieu qu’on se retrouve en Mésopotamie. Ce qu’on n’aura pas écrit, ni filmé, ça fera avancer quoi ? Et moi, tâcher de mettre de côté la préparation intérieure, rendez-vous la semaine prochaine, à moins de grève, on sait pas. Ce qui me fait surtout mal, en fait, c’est l’attente où j’étais des voix, des visages, c’est tellement important, dans n’importe quel atelier, ces tout premiers moments du mouvement ensemble.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 13 septembre 2019
merci aux 401 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page