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2019.09.07 | ruines non-ruines de la honte coloniale

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Quand il n’y aurait que Sétif (mais il n’y a pas que Sétif, et on n’en finit pas de découvrir épaisseur et ramifications des crimes), on aura à assumer la mémoire coloniale, dans l’ensemble de nos gestes y compris intellectuels, on a eu bel échange sur cette question à Natashquan avec Rodney Saint-Eloi. Mais aussi on est libéré de l’assumer comme culpabilité : l’assumer est un geste libre, c’est même malheureusement bien trop souvent un geste citoyen. Et quelquefois ça vous prend comme un pincement. Quand cela ressort directement dans le présent, mais que cela surgit dans la figure même, dialectique et souffrante, de ce conflit que chacun on porte (et décide de porter) entre mémoire en travail et culpabilité jamais totalement évincée. C’est ce qui reste de l’Exposition coloniale de 1907. On pourrait en faire un plein livre de photographies. Le langage des statues notamment est obscur. L’autre dialectique, celle du statut de la ruine entretenue dans le présent en tant que ruine, si elle est plus connue (ô Giorgio Didi-Huberman) n’est pas moins soudain affective, concrète. Et qu’on ne comprenne pas tout, qu’on ne puisse tout comprendre, fait partie de ce qui ici est dit.

 

 


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 7 septembre 2019
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