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journal | passage à l’ennemi

Je sais qu’à la Devinière ça les fait rire mais pour moi c’est comme ça : quand j’arrive dans ce petit timbre-poste de territoire d’où s’est amorcée la guerre picrocholine, je n’y peux rien : autour de moi sont les ennemis, qui s’approprient les pays par des traités bidon, donnent à leurs forces l’ordre d’envahir l’ennemi sous un prétexte de fouace, et rompent le potentiel et toujours remis équilibre de la communauté humaine. On n’est pas tranquille, en approchant de chez Gargantua, parce qu’on sait que la guerre peut sourdre du moindre carré de terrain, le plus calme. Et pourtant j’ai mangé à Lerné. Mais quand j’arrive à Seuilly, venant de Chinon, en tournant à droite vers la Devinière, ce brave moulin n’y est pour rien – il est aussi fourbe que ceux du Quichotte, et dans ses silos au-dessus de ma tête je reconnais bien les Merdaille et Spadassin qui entourent Picrochole. C’est les méchants, je n’y peux rien. C’est pour me venger que je fais la photo, comme ça, du volant de la voiture.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 18 mars 2014
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