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journal | du web montgolfière

Ça fait quand même bizarre de voir que ce qu’on a porté 5 ans et jours et nuits et paperasses et rêves et bien plus est parti voguer de ses propres forces et visages et bien sûr je ne peux que sincèrement souhaiter que ça marche et que ça décolle et tout ça. C’est juste un peu étrange, comme une sorte de gilet ou vêtement qu’on s’est habitué à porter et qu’on cherche partout. Ça passera. Je dois juste comprendre ce que ça modifie, que ce ne soit plus mon projet mais que ça en ait embarqué quand même tous ces fonds de nuit, c’est mon affaire. Et encore sacré tas de paperasses à régler pour la liquidation de mon côté, une des leçons c’est ce couvercle de bureaucratie pour ceux qui tentent mais ça ira ça aussi. C’est plutôt le rapport au site qui change. La chance en ce moment d’un centre de gravité, pour les 3 jours par semaine qui ne sont pas à la table mais dans le monde de l’autre côté des trains, avec là-bas aussi des ordis, du mouvement, des caméras et je crois que ça me bouge plus profondément dedans que ce dont je peux me rendre compte. Ceux qui me surprennent le plus, dans le cergyland, ce sont ceux qui font avec quasi rien, et pourtant ils font. J’ai tous les outils, caméras ou son ou photo et autres, et pourtant piger que ma tête elle me renvoie quand même aux mots. Et pour les mots ça va, c’est tout le temps qui était mangé dans les factures et les tâches sisyphiques qui redevient du temps ordi. J’ai liberté de traduire Lovecraft si c’est ça qui vient sous les doigts, ou d’habiter dans le nom de l’américain Malt Olbren si je préfère, et y a pas mal de trucs qui bougent. C’est juste cette sensation de montgolfière : qu’il n’y a plus de lien direct par exemple avec univers du livre ou autres émanations professionnelles, que les rencontres et les accroches se font plutôt avec les autres bulles libres en suspension, et donc de loin mais le salut est amical (les autres, les venimeux, ça va distance est prise, juste méfiance à pas de contamination) avec dessous quelque chose qui ne nous plaît pas trop, trop d’angoisses et de précarité et leurs guerres ou leurs saloperies de petites ambitions, tout ce bruit qui s’en va si loin si, comme cette semaine, on est à nouveau avec en main un Tarkos ou autre et qu’on en parle une heure à quinze têtes. Peut-être ça s’appelle chercher.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 15 mars 2014
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