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2013.12.01 | moine copiste à céder

Les boutiques de photocopie et impression pullulaient aux abords des universités. Les profs aussi envoyaient des polycops et tout le tintouin. Comment pleurer l’abandon d’une fonction inutile ? Après tout, il y a d’autres boulots qui naissent. Probablement aussi du côté de la réparation des ordis et matériels électroniques. Alors la ville se condense, joue les vitrines de luxe, et personne ne reprend la boutique du Moine Copiste. En même temps, le moine copiste c’était pour lui qu’on avait inventé le mot exemplaire (voir les Petits Traités de Quignard, tome 1) : l’original enchaîné à son monastère était copié dans l’exemplaire divisés en plusieurs cahiers, pour qu’autant de moines puissent travailler simultanément à une copie qui ne soit pas une copie de copie, mais toujours depuis le premier décalque de l’original. Ce n’est pas le travail qui se faisait ici, enfin je suppose. On a beaucoup parlé de ces premiers temps d’Aldo Manuccio à Venise, ou des milliers de personne, non plus des moines, avaient lancé la reproduction à échelle presque industrielle du livre avant l’imprimerie, et de comment leur travail avait conditionné l’apparence même des premières pages imprimées. Et le moine de l’enseigne ressemblait plus à un moine pour boîte de Camembert qu’à ceux qu’évoque Quignard. Qui rachètera la boutique, et pour y faire quoi ? On a mangé à la pizza juste en face, là ça allait, le commerce.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er décembre 2013
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