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2013.05.31 | de l’écriture sur balustrade urbaine

Dans les marronniers perpétuels des auteurs non-web, il y a cette confiance dans le dépôt mortuaire légal des livres papier. Mémoire assurée, même si ton petit tour en librairie n’aura duré que quelques jours dans la surproduction marchande à rotation accélérée. Si ça leur va tant mieux. La différence entre la lente élaboration du livre noble et notre pauvreté récurrente à nous, blogueurs du quotidien, serait donc une qualité différente dans la sédimentation de la langue. Est-ce que c’est affaire de vieux pays ? Probablement même pas. Il se lance avec ses rollers du haut de la rampe de ciment, glisse sur la première balustrade, puis saute sur la deuxième et s’en sert comme tremplin. Ça aura duré 5 secondes au maximum, même s’il recommence 10 fois. Un peu en amont, il y avait eu cet enclos grillagé où les planchistes urbains pouvaient s’expérimenter sur de faux trottoirs agrandis, c’était beau comme du béton en bloc, et ils pouvaient s’admirer eux-mêmes. Le type en roller qui cultive son saut, on a été plusieurs à le photographier, mais la notion même de spectateur avait disparu. Il y a un défi à la ville et une symbiose à la ville. La ville produit et appelle ce geste sans en thésauriser ni pérenniser la valeur symbolique (au fond, on aperçoit le nouveau Whitney en construction, la veille, au Brooklyn museum, vu une installation où sur tout le sol d’un couloir étaient disposées des planches à roulettes et il fallait s’y frayer passage). Quelque part, ici dans le blog, on se confie au même exercice, et c’est ce qu’on demande à l’écriture. Dans cette symbiose, c’est la vérité et l’accomplissement de nous-mêmes qui se joue, et tant pis pour la thésaurisation. Aller beaucoup plus loin dans la confiance à cette idée.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 31 mai 2013
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