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journal | la lettre qui manque

Dans les 1370 photos empilées des 12 jours Maroc, revenir tranquillement se promener comme je le fais aussi dans celles du Québec ou d’Orsay (ou même le parking souterrain reconverti en archives à Louvain avant-hier). J’aurais disposé d’un appareil-photo numérique plus tôt dans ma vie, que je pourrais aussi retourner me promener à Berlin ou Bombay mais c’est comme ça : les appareils-photo existaient mais faisaient de la photographie, alors que les petits appareils numériques documentent c’est différent. Tentation de m’acheter une de ces petites caméras pour sportifs et de la faire tourner en continu à ma ceinture pour avoir trace de tout ça, les mots, les moments. Au Maroc donc fait un peu systématiquement des photos de ces enseignes quand elles détournent la langue. La première fois, j’ai cru qu’il s’agissait d’un soudeur [NOTA : voir ci-dessous commentaires 4&5], qui aurait peut-être bu un peu trop de soda mais ensuite la même enseigne on l’a retrouvée plusieurs fois dans plusieurs villes, c’est bien soldeur, mais le mot lui-même qui en se répandant évolue, se débarrasse du soldat pour ne garder que le bric-à-brac d’occasion qu’au Maroc on revend tandis que nous ici on jette. Le L qui manque alors revenant comme interrogation à nous-mêmes : et si c’était à nous ici qu’il manquait quelque chose, plutôt qu’à eux ?


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 avril 2013
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