< Tiers Livre, le journal images : foin

foin

On pourrait appeler ça faire le foin de soi-même. Dans ces premiers jours d’écart, trier dans tous ces dossiers accumulés sur le bureau de l’ordinateur (fait), dans la rubrique « en cours » du traitement de texte, mettre l’année en préfixe du titre de fichier et ventiler dans les catégories spécifiques des dossiers d’archives qu’on ne rouvrira jamais. Faire pareil pour les images : j’ai ce disque dur anti-choc où je les stocke, régulièrement j’ai ce jeu de remonter les années (mais ça ne va pas au-delà 2003, et encore, là c’était au compte-gouttes) à la date de consultation, mais comme je photographie toujours un peu les mêmes choses, des chaises, des salles vides, des vues de train ou de bords d’autoroute et que je n’ai jamais utilisé de mots-clés, il faudrait que je passe par le calendrier inclus dans mon logiciel mail, Outlook (non qu’il n’y en ait de meilleurs, mais justement parce que celui-ci archive tout depuis 2001) pour savoir où j’étais à telle date. Il me semble toujours que ce que je fais comme ça au contact du monde est une périphérie brouillonne et confuse, alors que les travaux seulement personnels sont ancrés à un autre niveau, d’ailleurs bien indifférent aux dates. Ces temps-ci, j’élimine pas mal de ces fichiers de la zone périphérique – on vit mieux sans archive de soi-même. Hier, attaqué aussi la boîte mail. Dans la sauvegarde qui se termine, je découvre qu’elle pèse 4,3 Go, c’est une base de données compliquée, lestée de fichiers – l’usage que j’en fais a beaucoup évolué en 3 ou 4 ans : pas seulement les archives courrier, mais en stockant les traces temporelles de la relation avec chacun, on archive les envois de textes, de notices, les étapes successives des dossiers. Le logiciel mail constitue un dépôt d’archives qui passe avant les fichiers archivés selon les projets. Du coup, la liste de ses dossiers est arborifiée, chaque auteur de publie.net, chaque stage ou atelier d’écriture, dossier lié à tel texte ou éditeur ou institution, MacVal, Jeu de Paume, NSup et d’autres projets qui s’amorcent longtemps à l’avance, comme Louvain l’an prochain, sans avoir pourtant rien commencé. Le fait de refuser l’usage du téléphone y contribue aussi, encore récemment j’ai explosé de moi-même un projet intéressant, mais avec une personne qui privilégiait le téléphone à l’e-mail. J’archive peu de correspondances même dans les rares que j’ai à être suivies. Là, plutôt l’impression que c’est le site lui-même qui est l’archive, le fait – comme ici tout de suite – d’y écrire en ligne. Je dois améliorer la gestion de ma boîte mail, logiquement une fois par semaine je fais ce tri, mais ces derniers mois je n’y suis pas arrivé. Des choses s’effacent d’elles-mêmes, à grands pans. Avec d’autres correspondants (ceux qui gravitent autour de publie.net) il s’agit d’un flux quasi permanent de messages rapides, conversationnels plus qu’épistolaires, je garde quelques-uns de ces fils comme curiosité. Quand on laisse traîner certains messages suffisamment longtemps, plus besoin d’y répondre et ce n’est pas paresse ou arrogance, juste que ça ne tombait pas sur un terrain commun, et la non réponse est encore probablement une réponse. Ce matin, je vais continuer. Chaque fois que je dois revenir à des travaux personnels, il me semble que c’en est une phase préalable. D’où photographier comment ici ils le stockent, le foin.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 février 2011
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