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de l’idée de reprise

A priori, pour nous qui ne relevons pas de la vie salariée, l’alternance travail et vacances n’a pas de sens. Mais le petites trappes qui s’entrouvrent (enfin, les rares et bénévolentes qui) ne coïncident pas non plus avec cette alternance. D’ailleurs, on fait des trucs très bien l’été. Disons que le nombre de semaines où les activités culturelles et artistiques sont possibles dans la société civile ressemble de plus au plus au calendrier des éclipses. Et il nous faut donc concentrer sur ces périodes les revenus qu’on tâchera d’étaler sur le budget annuel sans grimace ni rien évoquer de ça avec – puisque justement les plus audacieux ou les meilleurs, et on sait bien l’effort que ça représente par rapport à leurs propres hiérarchies – ceux qui nous accueillent. Donc un peu terrorisé à l’idée de la grosse vague qui s’annonce pendant 11 semaines, après quoi il y aura évidemment vache maigre pendant tout autant. Du coup, ces 2 semaines off, pas envie de toucher à la trappe. Les mails sont restés en attente, on est dans une cloison étanche qui permet de se remettre au travail personnel, ce que j’ai fait. On se donne rendez-vous à soi-même pour la prochaine éclipse. Je ne suis pas malheureux de ça, au contraire j’ai cette dette de trouver encore des institutions – non pas qui m’accueillent moi, c’est pas de moi qu’il s’agit, mais – qui intègrent l’exigence artistique dans leur propre cahier des charges ou pacte avec leur public. J’ai de la chance, parce que cette année j’ai l’appui de la fac de Poitiers, de la BU d’Angers, et qu’on commence les ateliers d’écriture à Sciences Po, ce qui aurait été inimaginable il y a encore 3 ans. Et de la chance, parce que l’année suivante, encore Sciences Po, la résidence à Louvain-la-Neuve qui se confirme, une ouverture aussi côté du CEA Saclay, on continuera les routes. Quand je suis avec les étudiants de Poitiers, les nocturniens d’Angers, ou là le week-end prochain notre petit stage d’écriture avec les NSup Ulm, je le vis comme une gourmandise. On ruse, on fourbit nos poisons, on a tous ses opercules en veille pour pousser, déplacer, nourrir, décaler – et que ce soit durable, selon le mot convenu. Reste qu’on aimerait quand même que ça ressemble moins à une saison de pêche, comme me disait ces jours-ci un autre copain. Plus la même résistance et patience, non plus, aux voyages en train, et ce contexte tellement rauque de la France sarkozyste, l’impolitesse, la bureaucratie, l’arrogance. Allez, demain il n’y aura pas à tergiverser, il va bien falloir rouvrir la boîte mail.


François Bon © Tiers Livre Éditeur, mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 2 janvier 2011
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