Voilà. Tout est dit. Tout est dit de ce qui peut être dit ici et maintenant, dans l’état actuel de nos connaissances. Voilà. Tout est là, devant vous, frais étalé visible, à vot’ bon cœur Madame, à vot’ bon cœur Monsieur, vous prenez vous choisissez, comme vol voye. C’est pas beau ça ? Voilà. J’ai fait tout ce que j’ai pu, j’ai fait au mieux, puis-je peu ou pas peu ? ah ah en tout cas, voilà, c’est fait ; ce qui est fait n’est plus à faire. Personne ne pourra y redire, c’est comme ça et pas autrement, je vous emmerde. Non ce n’est pas vrai, je ne vous emmerde pas et vous ne m’emmerdez pas non plus. Même, je vous aime bien. Du moins j’essaie du plus que je peux de bien vous aimer. Des fois, je réussis, des fois non, ça dépend, je ne sais pas pourquoi, des fois, ça marche tout seul, je vous aime, je vous aime tellement, j’ai envie de vous manger tellement je vous aime, je bois vos paroles, j’admire votre façon de tout, de parler, de sourire, de marcher, de manger un œuf à la coque et d’autres fois je ne peux pas vous sacquer, pas vous voir en peinture, ni en photo, ni en vidéo, je vous démolirai le portrait si je pouvais, je vous mettrai la tête au carré, le cœur à l’envers et le cul par-dessus tête. Voilà, c’est comme ça. Je n’y peux rien. Heureusement, on est entre gens biens, on se connaît, on se respecte, on peut tout se dire, on se dit ce qu’on a à se dire. Ça va mieux en le disant Voilà. Là où il y a de la gêne, y’a pas d’plaisir. Alors… hein… voilà. On y est. On y est bien. Jusqu’au cou, jusqu’à la garde. On y est. On s’en sortira. Ou pas. T’inquiètes. En tout cas, on pourra pas dire que j’ai pas fait ce qu’il faut. Je me suis débattu, battu, j’y ai mis tout mon cœur, toute mon énergie. Ma mère disait en parlant de moi, c’est un battant, un battant qu’elle disait. Pas un looser. Et maintenant voilà. C’est fini. Finalement, c’est le principal que ce soit fini. Ouf ! voilà. Eu ou pas eu, réussi ou pas réussi, ça vous convient, ça vous convient pas, je m’en fous. Je vous emmerde. Voilà. C’est fini, c’est le principal. On ne m’y reprendra pas. Si c’était à refaire, je dirais non merci, allez vous faire foutre, veuillez vous adresser à quelqu’un d’autre, j’espère que vous trouverez quelqu’un de plus coopératif. Voilà ce que je dirais si on me demandait de remettre le couvert. Le couvert et le saladier. La passoire sur la tête, les baskets aux pieds, le pantalon aux chevilles et puis quoi encore. Voilà. On y est. Hier encore, on y était pas mais là on y est. Dans le caca en quelque sorte. Allez dire ça à quelqu’un qui ne sait pas. Allons donc ! je voudrais bien voir la tête qu’il ferait. En tout cas, voilà. J’ai fait ce que j’ai pu. Vous m’en direz des nouvelles. Ou pas. Vous l’écrirez sur ma tombe ou pas. je m’en fiche. Voilà.
Rétroliens : proposition #02 | un parpaing de phrase – Tiers Livre, les ateliers en ligne
que voilà qu’il me plaît ce texte tenace et drôle !
Merci ! 🙂
Envie de relire tout de suite, joyeux, et ce qui tourne en boucle dans le texte est caricatural et tellement vrai. Voilà un bon personnage, au caractère tranché, on aime, quoiqu’il dise.