Rien absolument rien ne doit avoir lieu PENDANT rien qui soit envisagé ou tenté ou fantasmé voire fomenté secrètement PENDANT que ici ceci par moi s’écrit grâce à moi moi seul rien PENDANT que suant m’isolant hors du temps de tous les temps qui contiennent des PENDANT je me concentre avec toute l’intensité qu’il me soit possible de rassembler en moi PENDANT que d’autres je le sais tentent la même expérience ailleurs d’être unique dépositaire d’un PENDANT qui serait sans équivalent sans frère d’âme sans jumeau mais que ces autres ces pauvres autres gorgés d’illusions de prétentions existentielles en sont empêchés hourrah tant ils sentent que le PENDANT dont je suis l’indévissable propriétaire contient à lui seul le seul PENDANT vivable digne d’intérêt solide bâti comme un roc géant à côté de ces minables PENDANT frêles tentatives que le reste des autres du monde des autres occupés à tout PENDANT donc à rien d’important rien qui tienne un tant soit peu la route qui soit un tant soit peu signifiant PENDANT alors que je leur nie à ces charognes que le PENDANT qu’ils revendiquent pour eux puisse avoir une quelconque tangibilité existence dans une réalité qu’ils croient telle et que PENDANT qu’ils s’essaient à vivre avec l’idée qu’un PENDANT leur PENDANT leur PENDANT personnel les accompagne comme si de rien n’était comme si malgré mon souhait malgré mon interdiction légitime ils avaient la possibilité le droit la liberté de faire vivre leur PENDANT illégitime ils finiront par le comprendre mais quand quand quand jamais ou bien quoi que faut-il que je fasse PENDANT qu’ils s’extasient sur leur ridicule PENDANT dégoulinant PENDANT nauséabond petit moment de simultanéité de PENDANTanéité devrait-on dire que leurs vies veulent entretenir avec la mienne PENDANT et puis merde vous savez quoi je souhaite moi plutôt que de perdre mon temps PENDANT qu’il y aurait tant de temps non simultané à explorer j’exige vous entendez qu’aucun PENDANT ne puisse surgir fleurir où que ce soit pour personne nulle part jamais étant moi et moi seul détenteur d’un PENDANT digne de son nom d’un accès au PENDANT suprême vous savez je peux l’avouer je suis PENDANT moi-même je suis fondu au PENDANT assimilé au PENDANT ne faisant plus qu’un avec le PENDANT au point que PENDANT que j’écris passe mon temps au lieu de mon tour mon je mon petit je qui est moi perdu contre tous mon je de deux lettres ce qui est déjà trop et m’oblige à supposer que PENDANT que j’écris je d’autres écrivent d’autres je oui ils le font PENDANT moi ils écrivent ça PENDANT tous ces je illégitimes ricanant orgiaques égocentriques tandis qu’il est écrit quelque part mais j’ai perdu la page PENDANT que je m’épuise ici il est écrit il me l’a dit que je moi donc je me situe très exactement entre le j et le e de je pas PENDANT le j et le e mais ENTRE oui et je vais de ce pas comprimer ce petit espace inutile insolent véritable trou noir dans lequel ces affamés accumulent des foules des tonnes des hordes de PENDANT et je vais résoudre cette équation jamais résolue à ce jour je serai seul possesseur de la formule finale PENDANT que ces chacals en seront encore à croire à scribouiller des PENDANT au crayon gris sur des pelures de notices pharmaceutiques PENDANT à la porte du frigo ou sur des post-it récupérés PENDANT à la cuvette des chiottes et cette équation enfin résolue je la figerai dans le permafrost et bien idiot celui qui voudrait s’en emparer il se les gèlera grave PENDANT que moi sous l’œil avide et médusé des caméras j’affirmerai aux yeux du monde que oui évidemment oui PENDANT n’existe pas PENDANT est un simulacre un temps pervers inventé juste bon à provoquer la solitude les larmes la jalousie l’isolement la comparaison le mépris le meurtre et le suicide
ah ! ces autrices et auteurs et leurs egos ! haha ! qui d’entre nous oserait affirmer n’avoir JAMAIS eu, deux secondes quinze durant, de telles bouffées ? merci de ce texte, Claude, beau mixte de rage mégalomaniaque, d’angoisse, de drôlerie aussi, etc.
« la formule finale PENDANT » elle dépote ! (cruel tableau 🙂
Merci Christine, maintenant que j’ai la formule finale, je me prend pour un despote dépotant!
tout se tient là, Claude, dans ce petit espace insolent… et cette chute… mazette ! tout ce qui se passe, oui, pendant… Droit au cœur ton texte, et sa rage. (je le lis autrement que Vincent Tholomé sans doute… ne me fiant pas à son début, ne retenant que le ressort de sa tension, et c’est cela la magie des textes…)
et l’ont bien raison de se désespérer de leur pendant, moi n’ai pas pendant mais avant et je décide que ça change tout parce que moi voulais pas le pendant pouvais pas le pendant et sa force alors ai pris un mot qui voulait être fort et bien entendu l’était trop pour moi mais c’était pas pendant alors ça ne compte pas
Chère Marlen, écrit avec beaucoup d’humour intérieur et sans rage (enfin pas la mienne), bon, s’il touche, tant mieux, des amitiés d’ici
Sympa cette réponse… Merci
Je vois que tu as trouvé la pièce à munitions gros calibre.
suffisait de se laisser contaminer!
sur le fond je suis assez d’accord, on devrait interdire à tous les autres Je d’être pendant. Les pendre haut et court et qu’on en parle plus. Bravo c’est une sacrée descente d’escalier ! (au sens théâtral du terme)
Merci Catherine de la lecture! Plus aucun pendant n’existe depuis ce texte et je m’en réjouis!
C’est très joli et drôle, je vois maintenant comme un petit JE qui se collette, qui essaie sous tous les angles de se colleter à l’impassible PENDANT (qui est bien plus gros, typographiquement c’est évocateur) et ce qui surgit et survient, comme un jeu, comme de multiples feux d’artifices…
Merci pour cette lecture, j’avais pensé au mot ARTIFICE tiens, puis ce PENDANT s’est imposé sans ménagement
Génial ! Merci
MERCI Anne. C’est excessif mais réchauffant.
Rétroliens : proposition #02 | un parpaing de phrase – Tiers Livre, les ateliers en ligne