C’est comme ça que tout a commencé un grand coup dans l’estomac là où ça fait mal ça coupe le souffle CHAIR et on se plie on se replie sur ses tripes CHAIR ça travaille là en bas ça tire ça attire les corps ça tire les corps à soi CHAIR ça cherche des corps CHAIR la colère c’est là qu’elle se fiche elle s’y parasite s’y vrille CHAIR elle pousse au dehors tout le corps et la voix et les gestes et le visage qui se ferme comme les yeux qui durcissent le front qui se plisse les maxillaires CHAIR raides visage fermé poings ongles dans les poings serrés CHAIR les poings saisissent les vêtements tirent les encolures déchirent les chemisettes arrachent les cheveux le corps tremble CHAIR et se tend durcit CHAIR figé CHAIR il se tourne vers le soleil poitrine vers le haut bras écartés tête en arrière bouche ouverte un cri un cri qui vient de loin de très profond CHAIR d’il y a longtemps CHAIR d’un endroit oublié où l’on sent comme une aiguille comme un coup de poing CHAIR on y revient un truc qui plonge et qui serre les entrailles au fond CHAIR le soleil et sa lumière apaisent on s’y laisse aller lézard couleuvre chat plage rivière CHAIR au bord de l’eau au bout de l’ombre pour échapper à la chaleur qui écrase CHAIR qui ralentit les mouvements et fait que tout est moiteur touffeur odeurs CHAIR et tout à coup tu t’es dit c’est là que je dois être et tu es partie pour t’y retrouver tu te demandais depuis longtemps comment on fait pour se retrouver est-ce qu’il faut en finir CHAIR et tu es partie comme CHAIR s’il fallait renoncer à tout et
voilà qui prend aux tripes !
Magnifique, organique. Merci!
Rétroliens : proposition #02 | un parpaing de phrase – Tiers Livre, les ateliers en ligne
le plus beau mot, le plus essentiel… formidablement décliné
Waouw ! Ca cogne. Et la fin, ça fait mal. Bravo !
merci