A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !

les mardis #04 | un trou dans la ville

Ici la ville s’essouffle. L’Aqueduc de Petite Guinée et ses vieilles pierres voûtées mangées d’herbes marque la frontière. Inventorié « en ville » pourtant par les services du patrimoine du Ministère. N’en déplaise. La ville s’essouffle. Sous l’aqueduc. Dans les méandres de la ravine Du Lion. Un ruisseau de hautes herbes que les ondes tropicales font grossir et qui rejoint la Rivière Continuer la lectureles mardis #04 | un trou dans la ville

les mardis #03 | Alain de 6 à 7 (et ce tous les matins, avant l’incendie)

[6h00] Yeux grand ouverts sur les découpes du jour dans la pièce, Alain compte les six coups de la cathédrale et se lève comme chaque matin à la même heure. Sauf le dimanche. En souvenir de sa mère. Qui offrait sa peau, ses os, sa chair et son sang au sommeil. Qu’elle disait. [6h10] Alain nettoie méticuleusement son seuil de Continuer la lectureles mardis #03 | Alain de 6 à 7 (et ce tous les matins, avant l’incendie)

#écopoétique #02 | dans la cour de Marcel

Une remorque, une voiture épave aux pneus crevés, un frigo en panne, des cordes, des sangles, une poêle, des grilles, les restes d’un volet roulant blanc tordu, fondu, des échafaudages, une table en bois, un thermos bleu, une canne à pêche, des bouts de tuyaux flexibles, une grande rallonge noire, un bidon renversé, un bateau à moteur, des bouées jaunes, Continuer la lecture#écopoétique #02 | dans la cour de Marcel

les mardis #02 | Perec, porte fantôme

Dans ton souvenir, la porte n’est plus. Elle a disparu. Pourtant, tu l’as franchie ce soir-là. Une fois la porte ouverte, tu as posé le pied sur le seuil gris cimenté encore tout tiède dans le soir d’été. Pour retrouver la porte, il faudrait retrouver la photographie de cet autre jour. Ta sœur déguisée et maquillée, assise sur le seuil Continuer la lectureles mardis #02 | Perec, porte fantôme

les mardis #01 | Perec, dormir en mouvement

dans le noir de l’avant l’aube et le demi-sommeil du départ en vacances transbahutée dans les bras de mon père déposée à l’arrière du camping-car les rêves bientôt striés de réverbères dans la fente ajourée du rideau à pression, et sous la joue le rêche de la couverture et le frais de la nuit qui fait s’enfoncer un peu plus Continuer la lectureles mardis #01 | Perec, dormir en mouvement

#écopoétique #01 | le silence, ça n’existe pas

La torpeur du soleil faisait taire la ville endormie. Assommée. Abrutie. Au fur et à mesure où elle s’éloignait de l’axe routier principal, le silence gagnait. En épaisseur. Même si le silence, ça n’existe pas. Ce qu’elle croyait. Frôlement des pas dans les herbes, pépiement des oiseaux, froissements. Le silence, pensait-elle, c’est l’inhabité. Le désert, c’est le silence. Elle déambulait Continuer la lecture#écopoétique #01 | le silence, ça n’existe pas

#anthologie #37 | et je vis (amplification 3)

Je vis une femme toute ronde dans le quartier du Carmel. La tête aux cheveux ras. Boule toute ronde. Les yeux traversés d’étonnements, d’affolements. Tout ronds. Grand ouverts sur le dehors comme pour le happer, l’agripper, l’aspirer. Le visage. Tout rond. La bouche ouverte en O. Toute ronde. Elle portait une robe fleurie ce jour-là. Ce jour-là et les autres Continuer la lecture#anthologie #37 | et je vis (amplification 3)

#anthologie #39 | collection de fenêtres

 elle tout en haut à portée de ciel tête renversée dans le petit carré de FENETRE de la chambre mauve sur le bleu du ciel d’été qu’elle devine vibrant de lumière et de désirs sur le gris perlé de bruine et de vent mouillé sur le jamais tout à fait noir de la nuit pâlie d’étoiles de lune de lueurs Continuer la lecture#anthologie #39 | collection de fenêtres

#anthologie #38 | mardi 05 septembre 2017

« Les situations de crise se matérialisent par la concrétisation du risque, c’est-à-dire par la conjonction spatiale et temporelle entre des enjeux directs ou indirects et un événement extrême. » Mardi 5 septembre 2017 Sur la carte, après le passage, une longue chenille de points successifs de couleur bleu clair jaune pâle foncé orange rouge et à nouveau orange jaune foncé pâle Continuer la lecture#anthologie #38 | mardi 05 septembre 2017

#anthologie #36 | la femme aux mots empêchés (3) : ralenti

…elle avance avec les mots qui roulent et roulent dans la tête et Denis au bout sous les arbres Denis sur terre Denis à quai et les racines qui poussent à ses pieds et crèvent le béton et elle sourit à l’idée de Denis et des racines sous ses pieds vivantes alors elle avance elle presse le pas et jette Continuer la lecture#anthologie #36 | la femme aux mots empêchés (3) : ralenti