A propos de Caroline Diaz

Née un 1er janvier à Alger, enfant voyageuse malgré moi. Formée à la couleur et au motif, plusieurs participations à la revue D’ici là. Je commence à écrire en 2018 en menant un travail à partir de photographies de mon père disparu, aujourd'hui c'est un livre, Comanche. https://lesheurescreuses.net/

#boost #04 | s’accrochait au bruit des vagues

Tenait tête au sommeil — les yeux ouverts — draps remontés au menton voyait la chambre se dissoudre dans le noir — la  chaise et les vêtements de la veille avalés comme le reste — le  miroir contre le mur n’était plus qu’un trou béant — autour, entre ses lèvres, sous ses cuisses, sous le lit, le vide s’étendait liquide Continuer la lecture#boost #04 | s’accrochait au bruit des vagues

#LVME #08 | des silences

L’histoire de la traverséedes silencesdes visages 
de l’oeil dans la vitre fêlée
de celle née pendant l’exodedes dents plantées dans le bois de chataignierl’histoire de la disparitiondes yeux dans le vaguede l’oncle d’Amériquedu tableau italiende celle qui est morte deux foisde la Gordini
des fusils cachésl’histoire de tes impatiencesdu chagrin qui s’étaledu mal des transportsd’un retourd’une îlede celle qui a hésité avant Continuer la lecture#LVME #08 | des silences

#LVME #07 | recensement

Est ce que je devrais faire la liste de mes fantômes ? Il y a celui qui n’apparaît nulle part, celui qui échappe aux colonnes des registres. En 1936, la famille n’était pas encore installée au 14. Le recensement de 1941 n’aura pas lieu à cause de la guerre. En 1946, Antoine Poletti est déclaré disparu. Disparu, un mot en Continuer la lecture#LVME #07 | recensement

#LVME #06 | ces détails se perdent

On a prévenu la famille : Antoine devrait se méfier d’une femme blonde qui travaille avec lui, place de Fontenoy. Un matin, Antoine croise Madeleine dans un couloir du ministère du Travail. Il cherche son regard, ne dit rien. Ça coule de lui vers elle, un silence chargé. Madeleine se fige. Elle avait prévu d’y aller, à ce rendez-vous à Continuer la lecture#LVME #06 | ces détails se perdent

# LVME # 05 | presque familière

La première fois que je suis revenue au 14, je n’ai pas photographié la façade. Nous étions arrivés dans le quartier presque par hasard après un déjeuner au square Trousseau avec tes parents. Il faisait beau, et nous avions souri de la proximité qui reliait ta mère et la mienne, qui avaient grandi dans le quartier à deux ou trois Continuer la lecture# LVME # 05 | presque familière

# LVME #03 | une cuisine étroite

Une cuisine étroite au premier étage d’un immeuble parisien des années vingt. Un lieu réduit à l’essentiel, où chaque chose tient à sa place avec la rigueur d’un inventaire silencieux. La lumière tremblante d’une ampoule protégée d’un verre opalescent. Au fond une fenêtre ouvre sur une cour sombre, murée de gris. Contre le mur gauche, une table étriquée recouverte d’une Continuer la lecture# LVME #03 | une cuisine étroite

#LVME #02 l un homme de passage

Peut-être qu’il est là, dans l’embrasure de la porte du sept. Peut-être que, malgré tous ses efforts pour se fondre dans le décor, la petite fille du quatrième le voit, sans comprendre, avec cette légèreté étrange qu’ont les enfants quand ils frôlent l’invisible. Il avance. Ou plutôt, il suit. Le rythme, c’est celui d’un autre. Peut-être qu’à force de marcher Continuer la lecture#LVME #02 l un homme de passage

#LVME #01 | gestes

Elle entre dans la salle de bains, le robinet goutte. Elle serre le métal, ça grince, ça résiste, ça s’arrête. Devant le miroir elle lisse ses cheveux avec un peigne en plastique bleu, approche les lames de son front, lèvres pincées, sculpte sa frange en trois coups secs, des éclats roux se collent sur l’émail blanc. Debout près de la fenêtre Continuer la lecture#LVME #01 | gestes

Le vrai visage de Peter Townsend | Caroline Diaz

Sommaire1 | Quitter les lieux de cette enfance2 | Litote3 | La forme des dunes4 | Paroles5 | Le vrai visage de Peter Townsend LE VRAI VISAGE DE PETER TOWNSEND Il a repéré le livre dans la vitrine, attiré par le nom de l’auteur, un ancien héros de la Royal Air Force. Il ne l’aurait sans doute pas acheté si Continuer la lectureLe vrai visage de Peter Townsend | Caroline Diaz

#enfances #01 | Madeleine, Yvonne, Éva

Madeleine, longue, ses cheveux gris coupés au carré, la couleur uniforme de ses vêtements. Sa silhouette frileuse sur le perron de La Pergola, c’est le nom de la maison où elle abrite sa grande famille. Ses petits-enfants l’appellent Bonne Maman et je suis jalouse qu’ils aient une grand-mère à nommer, et de ce petit nom qui m’évoque la Comtesse de Ségur. À Continuer la lecture#enfances #01 | Madeleine, Yvonne, Éva